QUI L'EUT " CRUE " ?
Entre les ponts et les crues des fleuves c'est le combat de l'épée et du bouclier, du boulet et de la muraille.
Et le pont de Saint-Just-Saint-Rambert en a connu des crues.
Mais au début il n'y a pas de pont, et les moines de l'abbaye de l'Île-Barbe qui vinrent fonder un prieuré à l'emplacement de Saint-Rambert passèrent la loire en sautant de pierre en pierre, à gué, en période de basses eaux. Un gué à Asnière en amont, un gué "de la Roche" en aval dont "le chemin du gué" porte le souvenir. C'est par lui que les reliques de Saint Rambert traversèrent miraculeusement le fleuve, l'eau s'étant arrêtée de couler.
Le premier pont est mentionné à la fin du XIII° siècle. Peut-être semblable à celui dessiné par Guillaume Revel, au XV° siècle, dans ses représentations des villes et places fortes du royaume.
Mais la loire, taquine, décida, un jour de crue, de ne plus passer sous le pont. Un peu penaud, il resta parallèle au nouveau cours du fleuve jusqu'à ce qu'on l'utilise comme pierres à construction (pour la nouvelle église de Saint-Just). Il reste un moignon de pile, dans l'herbe.
Sans pont, moyennant péage, on passe par un bac, une grande barque plate, conduite par un batelier, le long d'un filin, ancré sur les deux rives.
Il reste encore la pente descendant de la rue de la Marine qui conduisait au port d'embarquement.
En 1831, on entreprend un pond suspendu s'inspirant des constructions de Marc Seguin (L'inventeur de la chaudière tubulaire qui équipe la locomotive de la première ligne de chemin de fer de France, entre Lyon et Saint-Etienne).
Pour l'entretien du pont, on paye son passage au poste d'octroi. 0,055F pour un piéton, 0,025F pour un mouton, chèvre, cochon de lait, 0,50F pour un char à 2 ou 4 roues avec 4 bœufs etc.
Qu'à cela ne tienne, la loire, en une crue mémorable, emporte le beau pont en 1846. Et l'on reprend le bac.
Les péripéties continuent, un nouveau pont, mal construit, puis en 1889 un pont métallique qui dure une vingtaine d'années avant qu'un camion ne passe à travers le tablier.
Décision est prise. On construira un pont en ciment. Pendant les travaux une passerelle de bois, ici à l'arrière plan, fait office.
En juin 40 il s'en faut de peu qu'il ne soit dynamité pour retarder l'invasion allemande. En 1980 une crue particulièrement violente semble devoir l'emporter. Il résiste mais souffre et nécessite de longs travaux. Et de nouveau le bac (mais à moteur) et il y a d'autres ponts (Andrézieux et le passage sur le barrage de Grangent).
En 2008, j'ai pris quelques photos d'une crue impressionnante, inquiet, comme tous les riverains. Mais l'eau brune a juste visité mon jardin "de curé".
La voilà cette crue impressionnante.
« LA CRUE DE 2008 » Acrylique, 92x73 cm, Mars 2014