ALLEZ LE VERT !

Si j'étais sérieux, ce post s'intitulerait "RIPISYLVE", mais comment résister à un jeu de mot vaseux (adjectif tout adapté pour le sujet).

La ripisylve (du latin "ripa" rive et "sylva" forêt) est un couloir biologique particulier. Ce n'est plus l'eau courante de la rivière ou du fleuve et pas encore la terre ferme des champs et des prairies.

Monde secret de l'entre deux, eau dormante, bois flotté échoué et bois pourrissant, reflets de miroir. 

Monde immobile, mais si vous approchez, c'est une agitation de petites grenouilles et gros crapauds qui bondissent se mettre à l'abri dans des clapotis effervescents.

Vous entendrez peut-être chanter le "compteur d'écus" égrenant ses "huit, huit, huit ... ". C'est le pouillot véloce (seule photo que je n'ai pas prise).

 Vous serez survolés par les grandes ombres des hérons cendrés (difficiles sur la nourriture selon La Fontaine).

Mais l'idée du tableau présenté et le titre (vaseux) de ce post vient des lentilles d'eau qui transformaient un petit étang (ce qu'on appelle dans la région, "une boutasse", pas très poétique mais évocateur) en un bijou émeraude dans la lumière tamisée par les premières petites feuilles vert tendre de mars.

 "Ripisylve", acrylique, 50x61cm, mai 2014

Comments

[Lagroupie]

(suite)... Venons-en maintenant à l'essentiel : le miracle provoqué par l'artiste et son œuvre. Dorénavant, chaque fois que je rencontrerai une ripisylve, je chercherai en vain à retrouver ce nom, mais le tableau s'imposera au fond de mes yeux et éclairera le paysage...

Voilà comment l'artiste a embelli la vie d'une triste ignorante, il y a longtemps maintenant, .. en l'entraînant dans le monde de l'art : son environnement gris en sans saveur s'est peuplé de nuages de Magritte, de bleu de Klein, de brume sur la Loire, de saule majestueux et de flots qui dansent sous les doigts de Jean.

Et voilà comment l'Artiste a hérité d'une groupie parfois envahissante... DM

[Lagroupie]

Et bien, on ne rigole pas sur ce blog... Même pour les boutasses, ça vole haut !

En tout cas je commence à comprendre ce qui fait la différence entre le peintre et moi : la différence de vision et de zone cérébrale sollicitée.



http://www.jemesensbien.fr/wp-content/uploads/2011/04/cerveau-fonctions.jpg



Là où je ne vois qu 'araignées d'eau, coléoptères, punaises, larves affreusement morfales des libellules et autres agrions dans une eau grise, verdÂTRE, menaçante, là où sont sollicitées mes zones « vue » « odorat » « contrôle des muscles » car je tente de résister l'envie de prendre mes jambes à mon cou, l'Artiste active la zone frontale et voit des jeux de lumières, du bleu émeraude, du vert prairie... Heureusement la notion de prolifération qui me fait trembler dans ce type de biotope, est évoquée avec l'ensemble de troncs plus ou moins fins et de feuillages-branchages entremêlés.

Enfin, j'aime quand même bien les crapauds, un peu plus les grenouilles ; les hérons cendrés, que je trouve au détour des prés humides dans l'Isère, quand je vais chez mon fils aîné, m'ont déjà fait freiner brusquement, tant je suis chaque fois saisie par leur charme gracile.. DM

[framboise]

La ripisylve ou boisement rivulaire (là je suis à mon affaire) comme source d'inspiration. Ou, comment l'écologie peut s'exprimer artistiquement. On ressent bien dans le tableau ce rôle particulier de la lumiére solaire tamisée, le foisonnement potentiel de vie à la rencontre du tout végétal et de l'eau courante puis stagnante...

Emulsion de jaune, de bleu et de vert ce corridor rivulaire est superbe.