LE BAL DES IFS
En février 1745, à l'occasion du mariage du Dauphin avec l'Infante d'Espagne, Louis XV fait donner un grand bal à Versailles. Parmi les nombreux déguisements d'Arlequins, de bergères, de "sauvages", de diables, huit ifs, identiques, attirent l'attention de tous. Le roi est incognito sous l'un des déguisements végétaux. La dernière maitresse en titre étant décédée, la place est à prendre ; Madame de Portail s'attira les moqueries en s'isolant avec un if qui n'était pas le bon et c'est la jolie Jeanne-Antoinette Poisson, future Marquise de Pompadour, qui rafla la mise avec le cœur de l'if royal.
“Décoration au bal masqué donné par le roi dans la grande galérie du château de Versailles, à l’occasion du mariage de Louis, dauphin de France, avec Marie Thérèse, Infante d’Espagne, la nuit du 25 au 26 février 1745”, estampes de Charles-Nicolas Cochin
On pense voir Jeanne-Antoinette Poisson dans cette bergère
Je pense toujours au bal des ifs, en croisant dans l'Avenue Mellet-Mandard de Saint-Just-Saint-Rambert les grands topiaires du petit jardin triangulaire, figés dans un bal où les fastes de la grande Histoire cachent sous les déguisements les aventures de la petite histoire.
Aquarelle, 2014
"Le bal des ifs", acrylique, 54x45cm, Janvier 2015
Dans son commentaire inspiré Sallyline écrit :
"Pour ma part, ceux-ci me rappellent toujours le film "Edward aux mains d'argents", le sublime jardin sous le château et les arbres taillés par le héros".
On peut aussi évoquer les métamorphoses d'Ovide :
Éros, farceur et rancunier, le plus puissant des Dieux, blesse Apollon d'une flèche d'or qui lui inspire un amour fou pour la jolie nymphe Daphné . Mais d'un autre jet d'arc il atteint la nymphe d'une flèche de plomb qui lui donne le dégoût de l'amour. Situation sans issue sans la métamorphose de Daphné en laurier.
La folle envolée du Bernin unit le marbre la chair et les branches. Hybride figé en un instant de grâce.