LABOUR FOREZIEN
Le titre de ce post, et du tableau que je viens de terminer, vous évoque le titre d'une œuvre bien connue à laquelle je rends ce modeste hommage.
"Labourage nivernais" de Marie-Rosalie Bonheur, dite Rosa Bonheur.
Vous pouvez voir l'œuvre sur "Art Project" avec, en zoomant, des détails d'une grande netteté.
Sa vie est inhabituelle pour l'époque, comparable à celle de George Sand qu'elle admire. Elle fume le cigare, s'habille en homme pour fréquenter les foirailles et marchés aux bestiaux où elle trouve ses modèles. Pour ce faire, elle doit demander une autorisation de travestissement, renouvelable tous les 6 mois en Préfecture de Paris !
C'est une peintre animalière, reconnue pas ses pairs. Delacroix manifeste dans son journal l'admiration qu'il ressent pour son travail.
Théophile Gautier lui rend un hommage à double tranchant, pas très féministe : "avec elle, il n'y a pas besoin de galanterie ; elle fait de l'art sérieusement, et on peut la traiter en homme. La peinture n'est pas pour elle une variété de broderie au petit point ".
Première femme à recevoir, des mains de l'impératrice Eugénie, les insignes de chevalier dans l'ordre de la légion d'honneur, dans son atelier de By près de Thomery en Seine et Marne. On peut visiter son atelier à la limite de la forêt de Fontainebleau. Elle reçoit Buffalo Bill qui lui offre un costume de Sioux, etc.
Cette vie romanesque et originale masque souvent son œuvre . Classique, réaliste, elle jouit d'une grande renommée à son époque, mais l'Impressionnisme a tout raflé pour la postérité.
Allez voir "Labourage nivernais" au Musée d'Orsay. Par-delà l'anecdote, cette marche loude, puissante, persévérante, des bœufs du Morvan (race aujourd'hui disparue) traçant un sillon sans fin, évoque le sillon tracé par l'homme sur cette terre.
Lorsque j'ai croisé un grand champ labouré, en bord de loire, en dessous du château de Bouthéon, j'ai pensé à Rosa Bonheur et aussi à mon tableau "La sortie du port". Des sillons dans l'eau, dans la terre, un chemin tracé vers l'horizon.
Un visiteur au Moulin des Massons m'avait fait remarquer que, selon lui, la balise rouge en premier plan gâchait la pureté du tableau. Je crois qu'il avait raison. À juger sur cette simulation :
Alors, cette fois, juste le labour.
"Labour forézien", acrylique, 81x60, mai 2014